Robin des Bois (Robin Hood): Origines, un naufrage cinématographique

En tant que passionné des adaptations de Robin des Bois, j’ai vu défiler une multitude de versions du célèbre hors-la-loi, des classiques des années 1930 à des relectures plus sombres. Mais rien ne m’avait préparé au désastre visuel et narratif que représente Robin des Bois : Origines, réalisé par Otto Bathurst, pourtant reconnu pour son travail sur Peaky Blinders et Black Mirror.
Cette relecture modernisée du mythe est une tentative spectaculaire… de rater sa cible.
Une rupture brutale avec la tradition
Dès les premières minutes, on sent que le film rejette tout lien avec la légende originelle. Oubliés l’esprit de camaraderie, l’insouciance romantique et l’aventure chevaleresque qui caractérisent le mythe.
À la place, Robin des Bois : Origines adopte une posture pseudo-révolutionnaire, remplaçant l’idéalisme du héros par une forme d’action urbaine hyper stylisée mais dénuée de substance.
Un casting mal dirigé et des personnages vidés de leur âme
Taron Egerton incarne un Robin qui ressemble plus à un Spider-Man de la forêt de Sherwood qu’au justicier rebelle qu’on connaît.
Quant à Jamie Foxx en mentor ninja, Ben Mendelsohn en shérif caricatural et Eve Hewson en Marianne, leurs performances peinent à convaincre malgré leur talent. Le résultat est un mélange confus de dialogues plats et de motivations floues.
Le shérif de Nottingham, autrefois symbole machiavélique teinté d’ironie, est ici privé de toute complexité. Une figure de méchant sans relief, criarde et sans subtilité.
Une esthétique incohérente et déroutante
Le film souffre également d’une direction artistique déroutante :
Les costumes évoquent une version discount de Hunger Games,
L’architecture semble sortie d’un mauvais jeu vidéo steampunk,
Les scènes d’action sont sur-montées, hachées, et artificielles.
On sent une volonté de rendre l’ensemble “cool” et dynamique, mais cela trahit complètement l’essence même de Robin des Bois.
Une narration disloquée et sans logique
Le récit, censé raconter les origines du héros, vire rapidement à l’absurde.
Robin revient des Croisades, devient un justicier entraîné façon ninja moderne par un Jamie Foxx grimé en chef de guerre, dans une Angleterre visiblement coupée de toute logique historique ou symbolique.
Résultat : une histoire incohérente, qui oublie que la force du mythe réside dans sa cohérence interne, forgée au fil des siècles.
Une occasion manquée
Ce film aurait pu être une belle relecture contemporaine, à condition de respecter l’âme du récit original.
Au lieu de cela, il illustre ce qui se passe quand les studios et les départements marketing prennent le dessus sur la narration : on vide la légende de sa substance pour la remplir d’effets sans émotion.
C’est d’autant plus regrettable que Robin des Bois reste une figure mythique universelle, adaptable à toutes les époques — pour peu qu’on conserve ce qui fait sa grandeur : justice, liberté, ruse, courage.
Leçon pour les futures adaptations
Robin des Bois : Origines est une leçon d’échec. Ce n’est pas en maquillant un récit classique avec des gadgets modernes qu’on en fait une histoire puissante.
Les meilleures adaptations ne trahissent pas leur source : elles s’en inspirent profondément pour révéler leur intemporalité.
Les futurs cinéastes devraient prendre le temps de comprendre la structure mythique du personnage, sa symbolique sociale, sa valeur universelle. C’est ainsi qu’on construit un film qui honore à la fois passé et présent.
Conclusion : une relecture à oublier
Robin des Bois : Origines aurait pu moderniser la légende.
Mais entre une esthétique sans direction, un récit illogique, des personnages malmenés et un ton désaccordé, il ne reste qu’un naufrage artistique.
Espérons que cet échec serve d’avertissement : les héros légendaires méritent mieux qu’une adaptation creuse et tape-à-l’œil.
Avec plus de respect, de subtilité et d’amour pour le mythe, Robin des Bois pourra encore vivre de grands moments de cinéma. Ce ne sera simplement pas grâce à ce film.
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