Napoléon Director’s Cut : l’échec du grand Ridley Scott
Quand le très attendu film Napoléon de Ridley Scott est sorti en salles, il a suscité une réception mitigée de la part des critiques comme du public. Beaucoup ont été séduits par l’ampleur et le spectacle visuel de la production, mais ont finalement été déçus par les inexactitudes historiques et les faiblesses narratives du film. Aujourd’hui, avec la sortie du Director’s Cut sur Apple TV+, une question demeure : cette version prolongée offre-t-elle une exploration plus captivante et plus éclairante de l’une des figures les plus emblématiques de l’Histoire ?
Des attentes immenses autour du Director’s Cut de Ridley Scott
Avant même la sortie en salles de Napoléon, Ridley Scott avait teasé l’existence d’une version beaucoup plus longue du film, d’une durée de 4 h 30, qu’il souhaitait partager avec le public. Cela avait suscité de grandes attentes chez les fans et les historiens, qui espéraient que ces séquences supplémentaires offriraient un portrait plus nuancé et plus fidèle de la vie et de l’héritage de Napoléon Bonaparte.
Or, le Director’s Cut finalement proposé sur Apple TV+ ne dure que 205 minutes, soit seulement 48 minutes de plus que la version cinéma. Beaucoup de spectateurs se sont sentis frustrés et déçus par l’absence de véritables ajouts significatifs.
L’auteur de la critique exprime un profond désaccord avec les bases historiques — ou leur absence — utilisées par Ridley Scott et son équipe pour construire le film. Le scénario, signé David Scarpa, lui apparaît comme une « collection de matériaux d’école primaire » mêlés à des « théories du complot tonitruantes », une impression apparemment partagée par Joaquin Phoenix lui-même, qui aurait menacé de quitter le tournage si le script n’était pas révisé.
Un focus élargi sur Joséphine
L’une des principales différences entre la version cinéma et le Director’s Cut est l’accent renforcé mis sur la relation entre Napoléon et sa première épouse, Joséphine. Le Director’s Cut « s’attache à développer davantage le rôle de Joséphine, incarnée par Vanessa Kirby, en détaillant davantage ses origines, certaines de ses ambitions, et l’intérêt de Ridley se porte sur le premier regard, la première conversation, la quête d’un héritier et l’humiliation ».
Si le critique reconnaît que les costumes et la direction artistique de Napoléon sont remarquables et méritent d’être salués, il estime néanmoins que cette focalisation sur la relation intime des deux protagonistes s’est faite au détriment d’une exploration plus approfondie des stratégies militaires et politiques de l’Empereur. Il regrette que « plusieurs passages aient été profondément résumés par des coupes abruptes » et conclut que le film aurait dû s’intituler Napoléon et Joséphine.
Ainsi, bien que le Director’s Cut apporte un éclairage supplémentaire sur le rôle et les motivations de Joséphine, cet élargissement s’accompagne d’un appauvrissement du récit militaire et politique, pourtant essentiel pour comprendre le parcours de Napoléon.
Des occasions manquées dans la représentation des campagnes militaires
L’une des critiques majeures concerne le manque de profondeur accordée aux campagnes militaires et aux choix stratégiques de Napoléon. Plusieurs épisodes-clés sont réduits à des résumés expéditifs, laissant au spectateur une vision superficielle des événements qui ont façonné l’ascension et la chute de l’Empereur.
La scène de la bataille de Waterloo est citée comme l’exemple le plus frappant de ces manquements. Malgré la « grandeur » de la mise en scène et le « nombre extraordinaire de professionnels impliqués », le critique juge cette séquence comme « l’une des plus étranges jamais vues dans un film de ce type », incapable de restituer la complexité et l’importance de ce tournant historique.
Le Director’s Cut propose bien quelques ajouts, comme une séquence allongée sur la campagne de Russie. Mais ces ajouts restent, selon l’auteur, superficiels et incohérents, sans la profondeur attendue dans un film d’une telle ambition.
Des problèmes persistants d’inexactitudes et de révisionnisme historique
Une autre critique récurrente, valable pour les deux versions du film, concerne le mépris flagrant pour la rigueur historique et l’adoption de récits révisionnistes teintés de conspiration.
L’auteur dit éprouver un « profond désaccord » avec les fondations historiques choisies par Ridley Scott et son équipe, décrivant le scénario comme une « collection de matériaux d’école primaire » mêlés à des « théories du complot tonitruantes ».
Selon lui, le Director’s Cut ne fait qu’étirer ces bases fragiles, sans contexte ni rigueur, aboutissant à un « festin de médiocrité ». Les traitements de la Révolution française, des guerres napoléoniennes ou encore de la relation avec Joséphine sont cités comme exemples d’un révisionnisme fantaisiste qui affaiblit la crédibilité du récit.
Un rendez-vous manqué pour un véritable grand film napoléonien
Au final, le constat du critique est celui d’une profonde déception. Malgré l’ampleur de la production, la richesse visuelle et les ambitions affichées par Ridley Scott, ce Director’s Cut demeure une œuvre inaboutie et décevante, loin de la grandeur de ses précédents fresques historiques acclamées.
La déception ne se limite pas à la version longue : selon lui, même le film original avait raté l’occasion de devenir un grand récit cinématographique sur Napoléon. En privilégiant la romance avec Joséphine au détriment des dimensions militaires et politiques, Scott aurait trahi l’essence du sujet.
L’auteur exprime toutefois l’espoir qu’un hypothétique Final Cut, basé sur la version initiale de 4 h 30, voie un jour le jour. Seule cette version pourrait, selon lui, offrir la profondeur et la nuance nécessaires pour rendre justice à la figure de Napoléon. En attendant, le Director’s Cut reste une extension bancale d’un film déjà problématique.



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